Catherine PARAT

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Hommage à Catherine PARAT
Claude SMADJA, Gérard SZWEC  

Catherine PARAT nous a quittés le 28 octobre 2014. Elle avait décidé de se retirer de toute pratique professionnelle depuis de nombreuses années déjà. Elle avait quitté Paris où elle vivait et exerçait la psychanalyse et été allait vivre auprès de sa fille dans le sud de la France. 

Catherine PARAT est l’une des grandes figures de la psychanalyse « à la française ». Elle a souvent été une « analyste des analystes », et son travail et son éthique psychanalytiques ont été unanimement reconnus et respectés au sein de la Société Psychanalytique de Paris. C’est cette dimension à la fois technique et éthique dans sa fonction de psychanalyste qui la définit le mieux. Elle décrivait la tenue psychanalytique comme devant être fondée sur un investissement désexualisé, à la fois érotique et agressif, de son patient. Cette qualité d’investissement du fonctionnement mental du patient créait les conditions idéales pour que s’instaure une relation psychanalytique. Elle avait, en 1982, écrit un texte où elle différenciait le transfert classique de la relation psychanalytique qu’elle avait, quelques années plus tôt, définie comme transfert de base. Elle y soulignait la nécessité d’adapter le travail du contre- transfert et les interprétations qui en découlent à la qualité et à la capacité du fonctionnement mental de son patient. 

Cette extrême attention aux variations économiques repérées et perçues contre-tranférentiellement dans le fonctionnement mental de son patient est indubitablement liée à son expérience de psychosomaticienne. 

Catherine Parat, Pierre Marty et Rosine Debray à Assouan
Catherine Parat, Pierre Marty et Rosine Debray à Assouan

Catherine PARAT est l’un des psychanalystes fondateurs de l’École Psychosomatique de Paris. Aux côtés de Pierre Marty et de ses compagnons de route elle a participé à la création de l’œuvre psychosomatique par de nombreux travaux à la fois cliniques et théoriques. À côté de ce qui concerne le travail du psychanalyste qu’elle a résumé dans un article célèbre intitulé « L’ordinaire du psychosomaticien », elle a apportait à la métapsychologie psychosomatique des réflexions d’une grande portée en particulier en ce qui concerne le masochisme, la co-excitation libidinale et la répression. L’importance de la constitution du masochisme est une référence constante dans les travaux de Catherine PARAT qui a soutenu l’idée que l’entrave à la limitation du mouvement masochiste favorise le risque somatique. 

Par ailleurs dans son étude sur la co-excitation libidinale elle a insisté sur le fait que l’insuffisance de celle-ci peut compromettre la valeur organisatrice de la fixation masochiste. Celle-ci doit être suffisante, et, en accord avec Pierre Marty, elle considérait que l’apparition ou la réapparition du sadomasochisme et la possibilité de transférer des éléments homosexuels sont deux indices de progrès dans une cure. Sa réflexion sur la notion de répression a contribué à clarifier les différences entre répression et refoulement et a participé à la mise en ordre nosographique des organisations psychosomatiques. En effet, pour Catherine PARAT, répression et refoulement s’inscrivent dans deux lignées métapsychologiques différentes, la répression étant associée à la formation d’Idéal tandis que le refoulement est associé au Surmoi. Mais en même temps, répression et refoulement sont les indices de deux modalités de fonctionnement psychique différentes : si la prévalence du mécanisme de refoulement témoigne d’une structuration névrotique du fonctionnement mental, la prévalence du mécanisme de répression se rencontre le plus souvent dans les organisations narcissiques. 

Catherine PARAT avait une présence discrète à l’IPSO mais sa parole avait autorité. Pierre MARTY avait coutume d’être très attentif à ses réflexions. André GREEN a parlé de son écriture sereine, et c’est aussi la sérénité que dégageait sa personne. Elle était très ouverte et réceptive aux idées des autres, très attentive, entière et pondérée, qualités rares qu’on reconnaît dans la remarquable clinique de « l’affect partagé » qu’elle décrit dans son ouvrage le plus connu qui porte ce titre. 

Claude SMADJA, Gérard SZWEC